Réparation et indemnisation, le cas de Myriam B.
Myriam, vous avez été victime de violences conjugales, que s’est-il passé ?
M.B. : J’ai connu mon mari, j’avais 17 ans et on a eu deux enfants. Dans un couple, comme on dit, il y a des hauts et des bas. Quand mon mari a perdu son travail, ça a été un coup dur. On s’est séparé, je suis revenue vers lui, j’ai essayé d’arranger les choses mais ça n’allait pas. Et il y a eu ce jour où l’on s’est disputé violemment… J’avais reçu tant de gifles de sa part que j’en avais le visage tuméfié. Mon mari s’est avancé vers moi, j’ai vu qu’il avait un coutelas, il a commencé à m’asséner des coups avec : j’étais pleine de sang, j’ai vu mon petit doigt suspendu à un petit bout de peau. J’ai couru puis je me suis effondrée quelques mètres après sur le gazon : il a continué à m’assener des coups. Verdict : paralysie du bras gauche, perte de l’usage de trois doigts, amputation d’un doigt et des cicatrices sur tout le corps. Après de nombreux séjours à l’hôpital, entre Guadeloupe et métropole, j’ai retrouvé en partie un usage correct de mon bras.
Quand avez-vous su que vous étiez victime de violences conjugales ?
M.B. : Je ne savais pas qu’on pouvait appeler cela comme ça… On avait beaucoup de disputes, mais ça ne me semblait pas différent des autres couples. Pour moi, la violence conjugale c’était juste recevoir des coups, le reste n’était que des « accidents ». Mon mari avait des excès de colère puis il s’excusait, je me disais à chaque fois que les choses allaient changer.
Était-ce difficile de se défaire de l’emprise de votre mari ?
M.B. : Je n’ai jamais pensé demander de l’aide, c’est au moment où j’ai failli mourir que j’ai réagi. J’ai aimé mon mari et j’ai toujours essayé d’arranger les choses, car j’avais très peur de partir et de tout recommencer à zéro. C’est très difficile de dépasser tout cela, car on ne cesse de se demander ce qu’on a bien pu faire pour mériter ça. C’est un peu une double peine car on a aimé cet homme : les sentiments restent longtemps, ce n’est que maintenant que je sais que c’est terminé. En plus de devoir affronter tout le reste, il faut aussi gérer cette problématique émotionnelle.
Une victime en cache souvent d’autres… Comment faire pour protéger son entourage ?
M.B. : J’avais deux enfants, le plus jeune n’avait que 13 ans. Ce fut très dur pour eux, et puis je ne voulais pas faire du mal à la famille de mon mari ou à la mienne. Pour réconforter ma famille et mériter son aide, j’ai montré que j’étais capable de me battre. C’est comme si j’avais dû prouver que j’avais le droit d’être aidée alors que je suis une victime. Aujourd’hui, je suis vivante, c’est le principal.
Pourquoi avoir fait appel à un avocat spécialiste en réparation du dommage corporel et défense des droits des victimes ?
M.B. : J’ai eu la chance de rencontrer Me Charles-Henri COPPET grâce à mon frère, lors de mon hospitalisation. Mon avocat m’épaule dans toutes mes démarches, cet accompagnement moral et juridique est vital. J’ai obtenu des provisions et je suis dans l’attente de l’indemnisation définitive. Le chemin est long et difficile, mais c’est nécessaire pour se reconstruire.
Aujourd’hui, où en êtes-vous ?
M.B. : Je suis très positive ! Après avoir été en arrêt pendant deux ans, à 46 ans j’ai su reprendre une formation. Aujourd’hui, je suis très différente. Ce fut un long parcours pour ne pas sombrer dans la dépression, je n’avais pas le droit de baisser les bras ; le travail sur moi-même, en sus des soins médicaux spécifiques (kinésithérapie, etc.), a été énorme ! Avant, j’étais une femme coquette, maintenant je cache mes cicatrices. Mon mari a volé ma dignité et pris une partie de ma féminité, je continue donc de me battre pour avancer…
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