La pénible descente vers le sud
Fabrice Payen 2ème au classement de sa catégorie Rhum Multi ne faiblit pas. Son objectif ? Descendre vers le sud et traverser la ligne des Açores pour se retrouver dans les alizés. Pour ce faire, le skipper devra sans doute contourner par l’est l’anticyclone dès cette nuit pour mettre les voiles de portant et enfin faire progresser sereinement…
RAPPEL :
Véritable hécatombe, cette édition de la Route Du Rhum décime les navires les uns après les autres ! À cette heure, 1/3 des participants sont écartés provisoirement ou définitivement de la course. La fermeture des lignes a même été repoussée de 5 jours pour permettre aux marins les plus lents de franchir la ligne d’arrivée.
Découvrez la météo de l'Atlantique jusqu'à jeudi !
C'est la guerre !
« L’objectif : avancer vers sud le plus vite pour passer; c’est la guerre, ne pas réfléchir, c’est comme ça faut y aller.
L’angle de vent est favorable 110 degrés. Pour les voiles au début c’est ris 1 J2, puis ris 2 j2, et enfin ris 2 J3, ça avance vite 18, 20 nds, le vent prévu est 30nds soit 35 réel d’après le grib que j’ai et qui correspond à l’heure prêt à ce qui se passe ici.
Repos furtif, alimentation et techniques pour tenter d’uriner tellement ça bouge, je tombe plusieurs fois sans dommages heureusement.
Puis d’un coup le vent monte, 46 nds, le bateau saute sur l’eau à 25 nds dans une gerbe d’écume qui empêche d’ouvrir les yeux, je me cramponne en espérant que tout tienne et ça tient, mais l’anémo est régulièrement proche des 40 nds, j’abats pour mieux passer dans la mer.
Soudain je m’aperçois qu’il n’y a plus le petit gennaker que j’avais rabanté contre le bras de liaison sous le vent, il se déplace au milieu du trampoline au gré des vagues prêt à filer à l’eau, je me mets vent arrière pour calmer le jeu et me retrouve avec des réflexes de combat au sol de judoka pour déplacer cet adversaire trop lourd et gorgé d’eau , et le saisir à nouveau contre le bras de liaison, j’aurais été bien embêté pour les bords de portant sans ce gennaker.
Le fichier toujours précis m’amène au petit jour près de la Corogne, j’ai trois heures d’avance sur le routage prévu. Un cargo m’appelle sur le 16 en me demandant si j’ai besoin d’assistance, je suis étonné mais non tout va bien, quand je sors avec le jour naissant je vois la houle énorme, je comprends que le gars s’interroge sur la présence d’un multicoque au milieu de ces conditions.
Nouvel appel avec le routeur, il faut continuer dans le sud avec un peu d’ouest virer dans la baston pour éviter le plus gros et repartir vers le sud.
La guerre continue. » – Fabrice Payen